Sorcerer n'est pas vraiment un remake du film de Clouzot, Le salaire de la peur. Friedkin a consciemment voulu faire un autre film, un film d'atmosphère et non de suspense. La première partie du film, de longueur à peu près égale à la seconde, est autre chose qu'une simple exposition. Le choix des décors, l'isolement des personnages dans le cadre, les choix de mise en scène donc (qu'il s'agisse de la grande ville américaine ou de la touffeur de serre d'un appartement avenue Foch) inscrivent déjà les personnages dans un piège de solitude aussi menaçant que celui de la jungle, dans la seconde partie. Friedkin pose un climat de mélancolie très prenant. La seconde partie, de même, celle consacrée au voyage des deux camions, privilégie l'atmosphère à l'effet de suspense. L'utilisation du paysage, des éléments, du ciel , de la pluie, de la végétation fait progressivement basculer le film dans un fantastique prometteur, mais qui ne s'affirme jamais complètement comme tel. Les morceaux de bravoure, notamment le passage du pont, font toujours leur petit effet. Malgrè quelques imperfections, on comprend difficilement l'échec financier, critique et public du film aux Etats-Unis.
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