Contrairement à ce que pourrait laisser supposer la jaquette de l'édition Bach Films, "Le tour du monde de Fanny Hill" n'est pas un film érotique avec en vedette Christina Lindberg, l'une des principales icônes de la sexploitation, puisque celle-ci n'aura ici qu'un tout petit rôle. Non, ici la star, cela sera Shirley Corrigan, très jolie suédoise beaucoup moins connue, mais ayant tout de même tourné dans quelques films très sympathiques...
Dès les premières minutes du film, l'on découvre Christina Lindberg ("La Possédée", "Young Playthings", "Crime à froid", "Anita", "Sex & Fury", "Libre-échanges") jouant les modèles de charme et l'on comprend alors très vite que celle-ci n'aura effectivement dans ce film qu'un rôle mineur. On fait alors la connaissance de Fanny Hill, l’héroïne du film interprétée par Shirley Corrigan ("La plus longue nuit du diable", "Doctor Jekyll y el Hombre Lobo", "L'emprise des sens"), incarnant une jeune femme souhaitant divorcée de son mari qui la délaisse, afin de pouvoir profiter de la vie et devenir une star de cinéma... Elle va alors monter un traquenard, aidée de sa meilleure amie, Monica, jouée par la cultissime actrice de "La marque du diable", Gaby Fuchs ("Les contes de Grimm pour grandes personnes", "La furie des vampires"), afin de piéger son pauvre mari. Une fois libérée, si je puis dire, la « cavaleuse au corps chaud » (Oui, c’est un autre titre du film! Plutôt bien vu en plus, mais réservé à une version hard du film incluant des inserts d’origine française introduits au détriment de certaines scènes du film...) va partir pour Los Angeles et devenir très rapidement une star grâce à un premier rôle dans un film érotique et à des photos de charme qui feront sensation. Une nouvelle carrière qui la mènera par la suite à travers le monde, poursuivie par son ex-mari, interprété par Peter Bonke ("Nana - Poupée d'amour", "3 hommes à abattre", "Le concile de pierre", "Un village français"), qui fera tout pour la reconquérir... Mac Ahlberg ("Nana - Poupée d'amour", "Flossie", "Justine & Juliette", "Bel-Ami - L'emprise des caresses", "Molly, l'ingénue perverse"), connu également en tant que directeur de la photographie pour des films comme "Re-Animator", "House", "From beyond", "Dolls", "Prison" ou encore "Innocent Blood", signe avec ce film une comédie polissonne très fraîche, proche souvent du vaudeville, très librement inspirée de "Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir" de John Cleland, roman érotique datant tout de même de 1749, longtemps vendu sous le manteau et qui sera également librement adapté au cinéma entre autres par Russ Meyer ("Fanny Hill") et Tinto Brass ("Paprika"). C'est d'ailleurs la seconde fois que le réalisateur suédois s'inspire de ce roman puisqu'en 1968, il avait réalisé "Fanny Hill", film beaucoup plus proche de l’œuvre originale mais transposé dans le Stockholm des années 60... Si érotiquement, "Le tour du monde de Fanny Hill" sera dans l'ensemble très sage, en étant effectivement plus proche de la comédie coquine que du film purement érotique, celui-ci nous surprendra tout de même dans sa dernière partie avec une scène d'orgie comprenant des plans (notamment de fellations) très explicites (Oui, cela surprend d'un coup!). Étonnamment, la très belle photographie du film n'est ici pas signée par le réalisateur lui-même, mais fût confiée à Mikael Salomon ("Pluie d'enfer", "Menace Andromède"), futur chef opérateur de films comme "Abyss", "Backdraft" ou encore "Horizons lointains" (Ouais! Il y a pire!). Celle-ci mettra parfaitement en valeur les jolis décors du film, notamment de Venise et les jolis yeux de son actrice principale. La mise en scène de Mac Ahlberg est également impeccable et souvent très inspirée, avec des cadrages parfois assez originaux. Parmi le casting, on remarquera autrement, en dehors des acteurs précédemment cités, l'excellente interprétation de Walter Buschhoff ("Les nouvelles aventures de Vidocq", "Les mystères de Paris"), absolument génial dans le rôle de William, l'acteur (également dans le film!) qui lancera involontairement la carrière de notre jolie Fanny et de Bo Brundin ("La kermesse des aigles", "Meteor") dans le rôle de Peter Wild, le réalisateur qui flashera sur la belle...
Finalement, le fait que Christina Lindberg ne soit que très peu présente à l’écran n’enlève absolument rien aux qualités de cette petite comédie érotique pleine de fraîcheur et ayant particulièrement bien vieillie. Une belle découverte!
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