Il n'est guère confortable de voir un adolescent, Sandro, tuer sa mère, noyer son frère dans sa baignoire et songer à étouffer sa soeur Encore faut-il préciser que la mère était aveugle, le frère demeuré et le héros épileptique. Dans la demeure familiale d'une campagne, Alessandro s'ennuie. Il erre entre une mère aveugle qui lui offre un caramel quand il veut se confier, un aîné seul soutien de ces bouches inutiles qui croit qu'il manque d'ambition, un puiné demeuré, sujet comme lui à des crises d'épilepsie, qui semble l'aboutissement d'une lignée de dégénérescence et une soeur, normale apparemment, aux yeux de laquelle il aspire à paraître important et dont la complicité, étroitement mêlée à l'éveil des sens évoque le vert paradis des rapports ambigus. Alors Sandro se cabre. Au lieu de fuir, il se rebelle, d'abord en pensée puis il passe aux actes. Bellochio peut choquer pour son goût du blasphème, mais ses dons, son aisance, son sens du cinéma l'imposaient d'emblée comme un auteur majeur.
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