Les windtalkers ( messagers du vent, en français) désignaient les indiens Navajos utilisés par les Etats-Unis, en lutte contre les Japonais pendant la guerre du Pacifique en 1943, pour leur langue qui, ignorée des Japonais, servait de code de transmission entre les troupes américaines.
Pendant le générique de début et celui de fin, la caméra du réalisateur parcourt inlassablement et en tous sens les paysages arides et mythiques du Colorado, territoire des Navajos et décor grandiose de nombre de westerns classiques.
John Woo rend ainsi hommage à ces premiers asiatiques (ses lointains ancêtres !) devenus les Indiens, arrivés bien avant lui sur cette terre dont ils furent les premiers habitants et rappelle aux Américains du XXI° siècle une première évidence en même temps qu'il justifie ainsi son attirance pour l'Amérique.
Le film évoque l’aventure de deux Navajos (Ben Yazhee et Cheval blanc) formés au radiocodage, devenus irremplaçables et qui, ne pouvant être en aucun cas faits prisonniers devaient être supprimés, en cas de force majeure, par leurs tuteurs : Joe Anders (Nicolas Cage) et Ox Anderson (Christian Slatter).
On va de leur découverte de la guerre et du racisme des soldats à leur égard à la révélation finale de la transformation en bête guerrière sauvage de Ben Yazhee sous les yeux médusés de Joe Anders. Ainsi ces descendants d’Indiens massacrés par les Blancs aidèrent-ils, par leur sacrifice, à sauver les vies des arrière-petits enfants de ceux qui furent leurs bourreaux !
Ce beau message humaniste, qui satisfait le devoir de mémoire, s’accompagne d’une dénonciation de la guerre montrée dans tout ce qu’elle a d’impitoyable et que John Woo filme au plus près en une succession de combats meurtriers, noyés dans un déluge d’explosions, de tirs nourris, de corps à corps sanglants et sauvages qui insistent jusqu’à la nausée sur la barbarie de batailles filmées comme une boucherie sans cesse recommencée et exigeant, comme le Minotaure, son tribut en vies humaines.
Rarement, film fut aussi terrible. On songe, bien sûr, lors de certaines séquences, à «La Ligne rouge» ou encore à «Il faut sauver le soldat Ryan».
Entre-temps, les deux tuteurs auront appris, par-delà les préjugés, à estimer et à admirer leurs deux protégés indiens, illustrant ainsi le troisième thème du film -récurrent dans le cinéma de John Woo- , celui de l’amitié virile que font naître et renforcent les épreuves partagées en commun.
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