Sur une île proche des Etats-Unis où vivent des immigrants norvégiens s’est déroulé, en 1873, un drame épouvantable concernant deux couples dont le mari de l’une et la sœur de l’autre étaient frère et sœur. De nos jours, une photographe (Catherine McCormack) doit faire un reportage sur ces crimes qu’elle cherche à comprendre car l’assassin exécuté a toujours nié sa culpabilité. Accompagnée de son mari (Sean Penn), elle est invitée à bord du yacht de son beau-frère et de sa belle-sœur (Elizabeth Hurley) pour rejoindre l’île.
Plutôt cantonnée aux films d’action purs et durs, Kathryn Bigelow («Blue steel», «Point Break», «Strange days») signe pourtant un film sensible mais violent, aux images pleines de poésie dans un double huis-clos (l’île et le yacht) où les personnages ne peuvent manquer de se croiser, se frôler et se déchirer.
Le film est habilement construit sur un montage parallèle qui met en perspective les deux histoires et les éclaire l’une par l’autre, tout en ménageant un suspens qui tient en haleine jusqu’à la fin. C’est en effet le dernier quart d’heure qui révèlera la vérité des deux récits.
Le titre, poétique, suggère ce que le film va développer : le hasard qui fait se rencontrer les êtres, le mystère des attirances, la force des désirs refoulés mais qui finissent toujours par émerger, le poids du passé qui ressurgit au moment où l’on s’y attend le moins et bouleverse un bonheur dont on ne perçoit toute la fragilité que lorsqu’on le perd et qu’il s’éloigne, comme un corps happé puis englouti par l’océan. Qu’il s’agisse de l’année 1763 ou de l’année 2000, les deux époques et les deux histoires répètent la même fatalité des passions humaines.
Un beau film grave, sensible et cruel sur la permanence des sentiments humains, et servi par de magnifiques images
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