Film culte depuis sa sortie en 1986, « Stand by me » de Rob Reiner, d’après une nouvelle de Stephen King (« The Body » publiée en 1982 et conforme à l’original sauf pour la fin), offre 85 minutes d’un émouvant tableau de ce qu’est l’enfance, à la fois innocence, émotion et cruauté.
Dès l’ouverture du film, le ton est donné : un écrivain, Gordon Lachance (Richard Dreyfuss), apprend par un journal daté de 1985 la mort de Chris Chambers qui fut son ami d’enfance. Il se souvient aussitôt d’un épisode de leurs douze ans à travers les deux journées d’août 1959 au cours desquelles lui et ses trois amis vécurent une aventure inoubliable.
Le réalisateur organise le récit de ces deux journées sous la forme d’un flash back qui constitue l’essentiel du film et qui prend fin par le retour à la situation initiale.
Le point de départ de l’aventure est le désir des quatre jeunes garçons d’être les premiers à retrouver le corps d’un jeune, Ray Brower, porté disparu depuis plusieurs jours. Cette confrontation avec la mort va servir d’initiation aux enfants les transformant peu à peu, au gré des aventures et des mésaventures qu’ils vont devoir affronter.
Le drame (instinct suicidaire de Teddy Duchamp, course auto des « grands » qui rappelle »La Fureur de vivre » avec James Dean, course des enfants contre le train, conflit entre les deux groupes pour s’emparer du corps) côtoie l’énorme farce (récit du concours de tartes imaginé par Gordie et visualisé dans le film) et l’émotion (souffrance de Teddie ou de Gordie née de leur rapport difficile avec leur père).
Mais cette randonnée est, surtout, initiatique. L’épisode du pont symbolique leur fait franchir une étape décisive sur le chemin de la vie : ils quittent à jamais la rive de l’enfance pour aborder au territoire des adultes – ce qu’ils ne savent pas encore. Comme le constate Gordie à leur retour à Castle Rock, leur ville semble devenue « petite ».
Le film est illustré musicalement des rock’n’rolls de l’époque, des plus violents (Great balls of fire » de Jerry Lee Lewis lors de la casse des boîtes à lettre, aux plus émouvants (« Everyday » de Buddy Holly). Mais la chanson de Ben E. King, qui donne son titre au film, sert de leit-motiv à cette magnifique randonnée et submerge le récit de son pouvoir nostalgique.
Ce film rieur et grave fait passer, à travers les personnages du film, par toutes les émotions et renvoie le spectateur (placé dans la situation du Gordie adulte) à sa propre enfance à jamais disparue qui s’est effacée, comme, dans le film, le personnage de Chris est littéralement effacé de l’image lorsque sa mort est évoquée.
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