Le film s’ouvre sur une auto qui entre dans le parc d’un hôpital psychiatrique avec à son bord un détenu, Mc Murphy (Jack Nicholson), interné pour viol. Il y rejoint un groupe de malades tous très différents les uns des autres mais ayant pour point commun la même difficulté à vivre la « normalité » requise. Très vite, le nouveau, par sa nature pleine de vie et libertaire, ouvre aux patients soumis des horizons sur une autre vie et s’oppose aux méthodes de l’infirmière en chef, Mme Ratched, qui régente son service de façon autoritaire.
A travers ce film, Milos Forman propose toute une galerie de portraits inoubliables : du plus solide (le colosse indien prétendument sourd et muet, dont le silence est à percevoir comme un refus du monde « blanc ») au plus fragile (Billy, le jeune homme introverti qui bégaie, paralysé par sa mère). Il construit un film au récit très structuré dans lequel les moments de joie pure (par le refus des règles imposées et le défoulement) alternent systématiquement avec les scènes de désarroi (suite à la répression qui s’ensuit immédiatement). Ce récit binaire de séquences toutes en contrastes - qui installe dans le film un manichéisme clairement revendiqué - s’inscrit toutefois dans une progression de l’intensité dramatique pour aboutir au paroxysme de la fin que l’on pressentait.
Le propos est clair et la métaphore limpide : la société (l’hôpital psychiatrique) veut « normaliser » l’individu (le patient) en contrôlant, voire en supprimant ses désirs à l’aide de règles aliénantes, de tranquillisants qui mettent sous dépendance, de pratiques psychologiques en réalité coercitives, qui, non seulement portent atteinte à sa liberté, mais altèrent, à terme, gravement sa santé mentale. Bref, au-delà de l’institution psychiatrique, c’est la répression sociale des libertés individuelles qui est dénoncée. On retrouve ici le discours dissident d’un Milos Forman qui eut maille à partir avec la société marxiste de la Tchécoslovaquie et finit par quitter son pays. Ce qui ajoute une nouvelle signification possible au film : l’hôpital pourrait représenter la Tchécoslovaquie et les patients les citoyens privés de leurs droits élémentaires à la liberté.
Pourtant, loin d’être pessimiste, le film s’achève sur une note d’espoir. La séquence finale reprend la séquence initiale mais en l’inversant : l’image de l’arrivée du patient menotté pour être interné, au début du film, est remplacé, à la fin, par celle de la fuite hors de l’hôpital d’un patient qui se libère. Le message livré par Milos Forman tient tout entier dans cette inversion de situation (internement/libération) doublée d’une substitution de personnages ( Mc Murphy/« Chef » indien).
Un hymne à la liberté à voir absolument. Nicholson - et tous les acteurs du film - y sont magnifiques.
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