Récompensé par le Prix spécial du jury au festival policier de Cognac en 1999, Sam Raimi propose un film qui n’est pas sans rappeler le « Fargo » des frères Coen. Même décor enneigé, mêmes personnages simples de l’Amérique profonde. Mais le traitement du sujet est foncièrement différent.
Sam Raimi insiste sur la blancheur immaculée des paysages enneigés du Wisconsin pour mieux faire ressortir que la chute de l’avion (donc la tentation brutale par l’argent) dans cette innocence virginale des êtres va faire fondre la neige de l’apparence et révéler les noirs désirs humains, comme une pierre jetée dans l’eau calme vient la troubler durablement et propager ses ondes néfastes. En effet, Hank, malgré son bonheur conjugal et son caractère posé, ne sait pas s’opposer aux désirs de son entourage et ne prend pas la bonne décision : rendre l’argent aux autorités.
Dès lors, Sam Raimi orchestre une véritable descente aux enfers au cours de laquelle chaque événement trace un rond supplémentaire dans l’ eau de plus en plus trouble de la vie des personnages, jusqu’à les conduire à ne plus rien maîtriser et à devenir les jouets d’un enchaînement tragique où chacun va révéler qui sa sottise, qui son égoïsme, qui sa cupidité, qui son mal-être. La scène finale, d’une simplicité bouleversante, ponctue un film émouvant.
Si « Fargo » (cf. la critique dans DVDPC) installait dès l’abord des êtres malhonnêtes et s’attachait à les suivre dans leurs turpitudes, « Un Plan simple » propos un schéma plus riche : Sam Raimi commence par présenter des « gens comme les autres » plus ou moins intégrés dans la vie, certes (quoi de commun entre Hank et Jacob en dehors de leur affection fraternelle ?), plutôt sympathiques, avant de les soumettre à la tentation et d’observer enfin l’engrenage fatal qui, après les avoir piégés, va progressivement les transformer.
Ce film aux scènes épurées, aux personnages peu bavards mais sensibles et humains, aux paysages beaux et désolés à la fois, est porté par une musique de Danny Elfman toujours discrète mais d’une présence si mélancolique qu’elle exprime, à elle seule, solitude, désarroi et misère de vies qui s’enterrent dans le silence de la neige.
Un film, enfin, qui montre une vraie compassion pour les personnages qu’il montre et fait vivre.
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