Ce film peu connu de Kevin Reynolds (1995 :“Waterworld” ; 2001 : “Le Comte de Monte-Cristo”) réalisé en 1988 est un excellent série B très efficace qui fait partie des tout meilleurs films de guerre de ces dix dernières années.
Le film, qui traite de l'intervention soviétique en Afghanistan en 1981, propose en effet un récit haletant qui multiplie les rebondissements et ne cesse de surprendre le spectateur captivé par le destin hors du commun de ce tank égaré. Sur un fond d’affrontement impitoyable entre soldats soviétiques et moudjaïdins – comment ne pas penser à l’actualité – se révèle l’incompréhension totale entre un Occident pressé et expéditif et un Orient, complexe, qui prend son temps. Une incompréhension qui se creuse davantage encore quand le propos du film, à travers les points de vue différents des soldats russes, met habilement en relief la contradiction entre les objectifs soviétiques (apporter la paix) et les moyens utilisés (la violence aveugle qui multiplie les incidents et attise la haine) ! La dénonciation de la guerre passe par des scènes d’une grande cruauté, voire de pure barbarie. Et le talent du réalisateur est de faire naître toute l’absurdité de ce conflit de la structure même du film qui oppose constamment le huis-clos fermé, étouffant, d’un tank synonyme de protection mais aussi de vulnérabilité dangereuse, à l’immensité de paysages désertiques arides mais d’une sauvage et somptueuse beauté d’où peut surgir à tout moment une menace fatale. Enfin, et à l'évidence, la condamnation de l'intervention soviétique dans ce pays naît de l'intrusion brutale d'un char métallique, bruyant, menaçant dans la beauté minérale silencieuse des paysages ; du contraste absolu entre l'enfer mécanique et la poésie de la nature.
Porté par une musique (de Mark Isham) envoûtante qui crée une atmosphère en harmonie avec les décors insolites, sobrement et efficacement réalisé par Kevin Reynolds, magnifiquement interprété, notamment, par Steven Bauer et Stephen Baldwin, ce film étonnant – et qu’il faut faire connaître – réussit le tour de force de maintenir une tension de tous les instants qui ne se relâche pas une fois le mot « fin » écrit sur l’écran, tant sa densité et son pouvoir de séduction sont grands et retentissent en nous.
Un excellent film à connaître !
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