Enorme succès à sa sortie en 1974, ce film de Michael Winner fera de Bronson une vedette internationale. Cette histoire a engendré par la suite une mode cinématographique fondée sur une légitime défense qui justifiait les pires excès idéologiques.
Pourtant ce premier « Un Justicier dans la ville » ne flatte pas en nous le goût pour l’antique loi du talion et nous montre en fait un personnage dont la vengeance – certes sanglante et expéditive – sert plutôt à meubler le vide d’une existence devenue brutalement (sa femme a été tuée et sa fille violée se retrouve dans le coma) solitaire et privée de sens. « Agir, tuer et se venger » devient pour Kersey la seule raison de vivre qui le pousse à prolonger le souvenir de sa famille et à ne pas se perdre dans sa douleur. On peut même aller jusqu’à affirmer, paradoxalement, que tuer des voyous lui permet de faire le deuil des siens.
C’est d’ailleurs bien là le propos du film puisque le réalisateur marque une sorte de réserve en orchestrant – comme en contrepoint des actions vengeresses de Paul Kersey – les signes approbateurs de l’opinion publique à travers les journaux et la télévision et en les présentant comme foncièrement erronés.
A mon sens, le « Rambo 1 » de Ted Kotcheff puise dans « Un justicier dans la ville » sa principale source en lui ajoutant, bien sûr, la toile de fond du traumatisme vietnamien : on reconnaît en effet le même thème d’un homme victime d’une terrible injustice, qui est mis à l’index, se retrouve seul contre tous, et décide de prendre les armes pour se faire justice soi-même.
Le second film présenté dans le coffret et réalisé en 1982 est, malheureusement, d’une toute autre nature puisqu’il se contente de filmer, avec une certaine complaisance, de simples meurtres de vengeance en supprimant toute distanciation.
La série s’est poursuivie (1985 :« Le justicier à New York » ; 1987 : « Le justicier braque les dealers ») mais il s’agit là de sous cinéma !
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