Dès le préambule, le film met l’accent sur le hasard qui fait se rencontrer un matin Gavin Banek (Ben Affleck) et Doyle Gipson (Samuel L. Jackson) Cette rencontre fortuite sur une autoroute, suite à un banal accident de voiture, conditionne, d’abord, la construction même du film : une fois mis en présence, Banek et Gipson ne vont cesser de s’influencer –à distance. Ainsi le réalisateur alterne les scènes – rares - où l’un et l’autre sont en présence et celles – plus nombreuses – où l’un influence l’autre par ses choix : bref, il s’agit d’une construction en parallèle justifiée et efficace pour le propos du film. D’autre part, cette séquence d’ouverture a une valeur très symbolique qui élargit, d’emblée, ce même propos : c’est bien de destins ordinaires pris dans un quotidien ordinaire, comme en sécrètent par centaines de milliers les grandes villes telle New York, dont on va nous dérouler le fil…
Ces deux personnages, dont le réalisateur a révélé les failles morales vont vivre « une journée particulière » qui les fait tour à tour passer de l’espoir à la désillusion, du renoncement à l’ambition retrouvée au gré d’événements imprévus qui s’enchaînent implacablement. Le titre français el la séquence d’introduction développent ouvertement la métaphore du film et son propos : ces automobiles représentent la vie et l’accident symbolise l'écart de conduite : il faut donc contrôler sa vie et non s’abandonner à ses pulsions, faute de quoi la dérive et l’échec sont inévitables.
Roger Michell (« Coups de foudre à Notting Hill ») filme ses personnages au plus près, en gros plans, pour en traquer les moindres frémissements des visages, pour mieux saisir leurs états d’âme. Une musique subtile et discrète illustre ces moments de désarroi où tout devient possible – ou impossible -, où bascule le destin sans que l’on sache quel choix faire, comme si la vie décidait pour nous.
Surtout, grâce à un scénario complexe qui ne se dévoile qu’à mesure que le film avance, le réalisateur maintient l’intérêt sur le dénouement de la situation et donne au spectateur l’impression qu’il assiste, en direct, à la construction morale de personnages qui valent bien mieux que ce que l’on nous en montrait – ou disait - lors du prologue et qui ont su utiliser leur liberté en faisant le bon choix.
Une autre qualité du film réside dans l’intérêt qu’offrent les personnages qui gravitent autour de Banek : qu’il s’agisse de son ex-maîtresse ou de sa femme, ces caractères sont joliment dessinés, profondément originaux et d’une rare vérité.
En définitive, ce film qui délivre un message optimiste – chacun, à tout moment, peut orienter sa vie dans le bon sens – n’est pas sans qualités et se laisse voir avec plaisir.
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