Ce film de Valerio Zurlini - le plus intéressant de la récente Collection Alain Delon - offre, en 1972, l’un des tout meilleurs rôles de sa carrière à l'acteur.
On fera rapidement quelques réserves : on regrettera, par exemple, certains aspects qui évoquent les romans-photos et quelques séquences trop ouvertement mélodramatiques ; ou encore, un mélange des tons – réalisme et poésie – surprenante. Que l’on comprenne toutefois qu’il ne s’agit là que de réserves très mineures.
Car l’essentiel est ailleurs. Et l’on est touché par l’histoire de ce professeur non conventionnel, vrai, nu, tout à la fois proche et lointain face à ses élèves –et au spectateur. Le cadre du film – la station balnéaire de Rimini, brumeuse, dans l’arrière-saison – illustre à merveille le thème de la fatalité d’une histoire d’amour fou entre deux personnages qui essaient de reconstruire leur vie en voulant échapper à leur passé trouble dans un univers livré à l’ennui existentiel, au sentiment de culpabilité et au désir de rachat, à la solitude, au jeu et au plaisir et qui dépeint l’humaine condition.
La mise en scène de Zurlini magnifie l’ambiguïté des personnages et des situations par son élégance et le soin apporté aux cadrages, aux décors et aux couleurs. Alain Delon, mal rasé et vêtu des mêmes habits tout au long du film, fort et fragile à la fois, y est remarquable en homme à la dérive, marqué par le destin .
Un beau film, grave et profondément humain, bien mal servi par une édition au rabais alors que l’on s’attendait à une édition exaltant ses qualités. Il n’empêche : il faut se le procurer !
|