Ce film de Michael Apted a été réalisé en 1988, soit à peine trois ans après l’assassinat de Dian Fossey dont il retrace le combat et le dévouement à la cause des gorilles. En effet, volontaire pour étudier les gorilles entre Congo et Ruanda, elle se fit connaître du monde entier pour son combat en faveur de leur préservation alors que leur population ne cessait de diminuer de façon inquiétante.
Michael Apted signe un film axé sur trois pôles : le portrait nuancé - entre ombres et, surtout, lumières - de Dian Fossey ; la révélation de l’univers des gorilles et la description d’une Afrique somptueuse.
Sigourney Weaver EST Dian Fossey et l’on ne peut imaginer une autre actrice dans ce rôle tant elle impose sa force de conviction dans l’identification à cette femme d’exception qui trouva sa raison de vivre dans la sauvegarde des gorilles. C’est qu’elle eut besoin de caractère pour combattre les pratiques prédatrices des populations locales pour qui le gorille est source de survie (on vend les têtes et les mains) ; pour s'opposer au mercantilisme des affairistes internationaux soucieux de pourvoir les zoos du monde entier ; pour compenser l’inexistence de toute loi visant à protéger l’espèce ; et pour se protéger du risque des guerres civiles. Pour résumer, tout était à faire et Sigourney Weaver-Dian Fossey l’a fait. Mais au péril de sa vie car cette femme de caractère a tout sacrifié à sa passion dévorante : attaches familiales, aisance matérielle, vie privée et vie tout court. Le réalisateur insiste donc à montrer une personnalité si forte qu’elle s’identifie à sa mission, désireuse progressivement de tout régenter, usant de méthodes discutables et discutées, souvent capable de partis pris et de coups d’éclat, mais toujours animée d’une foi indestructible dans l’importance de sa mission. Impressionnant !
Il est vrai – et c’est le second intérêt du film – que ces gorilles nous sont montrés d’une façon inédite. D’abord, lointains et dangereux ; puis, proches et attachants ; enfin, humains, tout simplement. Ce rapprochement progressif de la caméra s’accompagne de l’apprivoisement des gorilles, certes, mais aussi du spectateur, au point que lorsque la barbarie se déchaîne contre eux, celui-ci se sent lui-même attaqué. Une merveilleuse leçon d’humanité !
Le dernier centre d’intérêt du film porte sur le cadre du récit, c’est-à-dire l’Afrique – personnage central ? – filmée dans ses beaux paysages vierges des Monts Viruga, entre Congo et Ruanda, aux forêts denses, aux horizons lointains, lumineux ou nimbés de brume, sous la pluie et dans le froid à cette altitude. Une Afrique débarrassée des clichés et sobrement montrée.
Un film qu’il faut voir, ne serait-ce que pour retrouver notre part d’innocence et satisfaire notre besoin d’admiration et d’évasion.
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