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CRITIQUE DVD


DELIVRANCE




Titre : Delivrance

Version : Française
Auteur de la critique : Gaulhenrix
Date de la critique : 01/08/2003

Cette critique a été visitée 1437 fois. Aide

 

Editeur : Warner Home Vidéo
Année de sortie au cinéma : 1972
Date de sortie du DVD : 16/02/2000
Durée du film : 105 minutes


Résumé : Quatre hommes décident un week-end de descendre une rivière en canoë dans une région de Géorgie (USA). Ce qui devait être une promenade agréable va en fait devenir le pire cauchemar de leur vie ! Attaques, viol, meurtres, jamais un week end ne leur aura paru aussi long...
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Avis Artistique
Avis sur le film :   (9.5/10)





Dès l’ouverture du film de John Boorman (réalisateur, entre autres, de « Zardoz » et de « Excalibur »), les enjeux sont clairement posés. Lewis (Burt Reynolds) explique à ses trois compagnons Ed (John Voight), Drew et Bobby la raison de son projet : descendre la rivière sauvage à canoë avant qu’un barrage ne la transforme en lac. Nous « entendons » cette explication pendant que sur l’écran défilent les « images » des travaux de construction du dit barrage. Lewis précise son propos et déplore que l’on fasse disparaître la nature au nom d’un prétendu progrès. Puis le silence se fait. Et une violente explosion retentit aussitôt après alors que l’écran montre une roche pulvérisée. Cette explosion est, bien sûr, symbolique et marque l’intervention subjective du réalisateur dans son film : ne fait-elle pas voler en éclats – ironiquement – le discours écologique de Lewis auquel elle succède ? Ne suggère-t-elle pas que cette descente de la rivière sera, en réalité, une véritable descente aux enfers ?

Commencée dans la bonne humeur et dans la volonté du défi que l’on se lance à soi-même, cette quête d’une innocence par le retour à la nature est vouée à l’échec. Nos quatre « civilisés » se trouvent rapidement confrontés non seulement aux dangers prévisibles de la rivière tumultueuse, mais également à ‘agression sauvage inattendue de deux chasseurs aussi primitifs et violents que le courant impétueux de l’eau. Boorman signifie ainsi que ces quatre envahisseurs ont violé la forêt et que la forêt, en un juste retour des choses, les violera à son tour selon l’antique loi du talion. Dès lors, l’instinct de vie cimente les quatre amis et les contraint à bafouer leurs valeurs morales civilisées (« ne pas tuer », « ne pas mentir », etc.). La délivrance par la Nature se révèle être une illusion : le point de départ du jeu de la survivance s’est transformé, à l’arrivée, en tragédie de la survie.

Le propos du réalisateur se précise encore lors du retour à la civilisation de ces aventuriers du dimanche : en effet, le premier signe que la descente de la rivière s’achève est la vision d’épaves d’automobiles abandonnées au bord de l’eau en un plan cinématographique qui fait écho à celui des travaux de construction du barrage, comme si Boorman insistait ainsi sur la faillite d’une civilisation dont le progrès passe par l’anéantissement de la Nature. L’ironie est par ailleurs toujours sous-jacente : ce sont nos déchets qui « annoncent » notre civilisation ! Le réalisateur aborde ainsi une réflexion sur ce qu’est devenue l’Amérique contemporaine. Il nous montre, en effet, deux types d’Américains : d’une part, le groupe Lewis et ses trois compagnons certes parfaitement installé dans la vie moderne mais coupé de la nature ; d’autre part, les habitants de cette région sauvage (gens du hameau et chasseurs) certes restés au contact de la nature et des traditions mais abandonnés par l’histoire et restés en marge du progrès, dans la pauvreté, l’isolement et la dégénérescence. Il faut revenir sur la première rencontre des deux groupes au tout début du film. Cette séquence, essentielle, montre que le seul dialogue encore possible entre cette Amérique « du haut » et celle « du bas » ne peut être celui des mots mais celui des langages universels de la musique (la guitare de Drew et le banjo de l’enfant composent – ensemble – une scène inoubliable !) et de la danse. Mais ce bel échange se termine néanmoins sur le refus, par l’enfant qui détourne le regard, de la main tendue de Drew, signe que la rupture entre ces deux mondes de la tradition et de la modernité est consommée et que le divorce entre les deux Amériques est irrémédiable.

Il convient alors d’interroger le titre « Délivrance » dont la signification initiale paraissait devoir être : se délivrer de l’aliénation du monde moderne par le retour aux sources et à la nature. Mais la fin du film lui donne un autre sens : se délivrer des pièges tendus par cette nature sauvage. L’Amérique et, plus généralement le monde moderne, semble nous dire Boorman à travers ce film terrible, n’a pas su allier progrès et respect de la Nature : sur le chemin de ce qu’il appelle progrès, l’homme n’a pas su sauvegarder, en lui, le contact vital avec son environnement. Ce film de 1972 est plus que jamais actuel car les questions qu’il pose restent sans réponse : notre civilisation n’aurait-elle pas entamé son agonie ?...

John Boorman choisit, pour mieux transcrire la dualité des choses, une structure qui fait la part belle au procédé de la mise en opposition que l’on retrouve à différents niveaux. On a déjà évoqué le double sens contradictoire du titre. On remarquera que la construction du barrage s’accompagne de la destruction de la rivière ; que cette même rivière, sauvage au cours du film, devient lac domestiqué à la fin. On précisera que ce sont la mort de Drew et la blessure de Lewis qui permettent l’accomplissement de Ed. On signalera (nouvel exemple d’ironie) que c’est en renonçant à leurs valeurs morales et en suivant leur instinct le plus primitif que les survivants se tirent d’affaire. On observera d’ailleurs que c’est Drew, l’artiste – et le plus indécis du groupe quant à la décision à prendre-, qui est la seule victime. On notera enfin que le projet de descente de la rivière est dénoncé par Boorman comme une illusion et montré comme un cauchemar : il suffit de rappeler que l’apparition des deux agresseurs est filmée de telle sorte qu’ils paraissent faire corps avec la forêt, comme s’il voulait personnifier la face cachée, obscure et dangereuse, de la forêt, actualisant ainsi la leçon des contes-cauchemars pour (grands) enfants.

La réalisation utilise en outre le procédé du plan-séquence, toujours très précis, et choisit des couleurs saturées ou dessaturées selon que l’on nous fait passer de la réalité au sentiment de cauchemar (on songe aux couleurs « irréelles » qui envahissent l’image lors de l’escalade de la paroi rocheuse par Ed à la recherche du chasseur meurtrier).

Ce film, devenu un classique, est l’un des meilleurs Boorman et laisse, trente ans plus tard, la même trace éprouvante et indélébile sur le spectateur. Indispensable !


 
Avis Technique
Avis sur l'image :   (2.5/3) Avis sur le son :   (2.5/3)

Le film date de 1972 et l’image proposée a été remasterisée : elle est désormais de bonne qualité et rend compte avec précision de l’utilisation originale des couleurs par le réalisateur

La VO a, elle aussi, fait l’objet d'une amélioration. La bande-son remixée, on s’aperçoit que ce sont surtout les enceintes avant qui en bénéficient. De beaux effets sont désormais mis en valeur avec le DD 5.1 : l’explosion initiale et, surtout, le vacarme permanent des eux tumultueuses rend la rivière plus vivante et plus dangereuse. La VF, restée en son mono,

Avis sur les bonus & l'interactivité :   (0/3) Avis sur les visuels :   (0.5/1)

Aucun supplément n’est proposé par Warner…malgré la qualité rare de ce film !

La jaquette évoque le cauchemar de Ed : deux mains se disputent un fusil jailli de l’eau. Cette image visualise le sentiment de culpabilité : le fusil évoque le meurtre ; l’eau « traversée » symbolise le silence impossible sur ce qui s’est passé . Deux vignettes proposent deux scènes du film mais sont tout à fait inutiles : il eût mieux valu débarrasser l’affiche originale de ces ajouts parasites !


Note finale :

  (15/20)


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