CRITIQUE DVD

juin 2003 : après une journée classique de projectionniste, mes collègues et moi décidons de regarder Haute tension et avant même d'appuyer sur le bouton Start, on est déjà mort de rire : imaginez un film d'horreur à la française produit par Luc Besson (mais si, le mec qui a produit tous ces chefs d'oeuvres de Yamakasi, Wasabi à Taxi 224). Persuadés de faire face à l'horreur, celle de la nullité, nous lançons le film fébrilement.

1 heure 30 plus tard, c'est le silence car le film d'Alexandre Aja en plus d'être un vibrant et amoureux hommage à tout un cinéma d'horreur nihiliste des années 70 (Massacre à la tronçonneuse, maniac, la dernière maison sur la gauche...) constitue une véritable bombe cinématographique dégoupillée pour nous péter en pleine gueule. En un mot : on se prend une baffe absolue alors que ce "petit film" d'à peine une heure trente a été concocté par un jeune réalisateur de 24 ans ! Loin, très loin d'être une banale histoire de tueur en série, Haute tension joue évidemment avec les nerfs su spectateur en plus de nous servir les scènes de meurtres les plus atroces et éprouvantes vues sur un écran depuis longtemps. Mais cet étallage de gore ne se fait pas pour rien. Rien n'est gratuit dans ce film bluffant de maîtrise. Haute tension est une histoire d'amour fou, de chaire et de sang, un film bouleversant sur la folie (mais on n'en dira pas plus). Totalement soutenu par des acteurs et actrices épatants ainsi qu'une direction technique impeccable -photographie magnifique, excellents maquillages, bande son époustouflante- le premier long métrage d'Aja impressionne par sa profusion de qualités.

Très supérieur au pseudo films de terreur sortis ces derniers mois (comprenez le faiblard "Massacre à la tronçonneuse" version 2003 ou encore les risibles "nuits de terreur", "Le peuple des ténèbres" ou "Terreur.com") Haute tension se permet le luxe d'opérer un spectaculaire coup de théâtre final qui donne au film une lecture psychanalytique totalement vertigineuse. De loin, le film français le plus audacieux et jouissif de l'année 2003.

Une retranscription impeccable et souvent magnifique d'une image pas toujours évidente à rendre surtout sur un support numérique (le film regorge de scènes nocturnes). Pourtant, les couleurs et les contrastes affichent une stabilité exceptionnelle ce qui permet d'apprécier à leur juste valeur des moments magnifiques tel que ce ralenti saisissant dans la scène de la station service. De plus, le format cinémascope respecté explose de beauté à chaque image.
2.35 cinémascope et 16/9.

Sachant que la bande son est particulièrement bien travaillée par un compositeur dont les inspirations macabres et expérimentales se font ressentir à chaque note, il fallait un retranscription d'enfer. La musique est le première à bénéficier de la qualité des pistes sonores. Le reste des effets (des dialogues au bruit de la tronçonneuse) sont parfaitement répartis sur les 6 canaux. Pas de différences flagrantes entre le 5.1 et DTS sur mon installation.

Une édition double DVD qui va peut être donner envie au public de découvrir le film, lui qui l'a tant boudé à sa sortie en salle en juin 2003 (et ce malgré l'opportunité de le découvrir en salle à la fête du cinéma). Oublions cet échec incompréhensible (Chouchou, ça fait 4 millions d'entrées, Haute tension ça en fait 100 000... mais public que fais-tu ?), le DVD de bonus est introduit par de jolis menus à l'ambiance inquiétante et permet d'accéder à trois interviews des acteurs principaux : Cécile de France dont la gentillesse et le naturel paraissent stupéfiants, Philippe Nahon qui a l'air bien plus sympathique que la nature des personnages qu'il interprète habituellement et Maiwenn. On trouve également un making of de 30 minutes qui nous éclaire sur les conditions du tournage en Roumanie. On voit explicitement que le film disposait d'un très faible budget et que l'équipe devait souvent compenser cette abscence de moyens par un sens artistique accru. Quant à Alexandre Aja, il se révèle bavard et délivre des analyses intéressantes qui laissent deviner une grande culture cinématographique. Dommage qu'il n'y ait pas de commentaire audio pour pouvoir en profiter d'avantage. Le plus intéressant reste toutefois à venir avec une forte intéressante interview du maquilleur Gianetto De Rossi qui même avec son français approximatif nous parle de son métier avec passion.
Une intéractivité intéressante en dépit de l'abscence de commentaire audio.

Le très joli fourreau ne renferme qu'un boitier amaray (c'est de plus en plus fréquent ! mais où sont passés les digipacks qui ont la classe ?). Néanmoins, en main, l'ensemble à fier allure et les sérigraphies sont assez belles.
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