Philadelphia fut le premier film à parler ouvertement du SIDA et a permis de faire évoluer les mentalités sur le sujet. En effet, les gens, mal informés, pensaient que cette maladie était contagieuse et donc avaient tendance à mettre à l'écart et à juger hâtivement les séropositifs: on le voit bien quand Tom Hanks rencontre Denzel Washington dans son cabinet, la caméra nous met à la place de Denzel Washington et on voit très bien qu'il dévisage Tom Hanks et regarde avec crainte tout ce qu'il touche ou regarde pour ensuite se rendre chez son médecin pour voir si il n'a pas été contaminé. Petit à petit, le personnage incarné par Washington change sa vision de l'homosexualité (le dialogue qu'il a avec sa femme nous montre bien que les gays le dégoute) et de cette maladie au contact de son adversaire devenu client puis ami, Tom Hanks, licencié abusivement de son cabinet d'avocats à cause de sa maladie.
Le film est un magnifique plaidoyer pour la tolérance et la justice porté par la performance des acteurs: Tom Hanks, qui interprète ici à mon sens le meilleur rôle de sa carrière, est émouvant, juste, sobre et sa performance physique (il a perdu plus de 10 kg tout au long du tournage) lui a permis de remporter le premier Oscar de sa carrière. Face à lui, Denzel Washington est fabuleux dans le rôle de cet avocat homophobe qui ne souhaite qu'une chose: que justice soit faite.
Le film est émaillé de scènes d'une puissance rare comme où Tom Hanks parle de sa passion pour l'opéra à Denzel Washington (dire que cette scène a failli être coupée au montage!) ou bien encore la fin du film qui montre des images de Tom Hanks enfant sur une sublime musique de Neil Young (larmes garanties!). Jonathan Demme maitrise parfaitement son sujet et sa mise en scène est sobre, épurée et sans voyeurisme.
Un des dix meilleurs films des années 90 et probablement l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma.
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