Bien avant les standards du "serial killing movie" tels Seven et autres Silent Lambs, Hollywood nous avait déjà donné une analyse du caractère psychologique de ces personnages sombres et inquiétants que sont les serial killers. L'étrangleur de Boston en est le parfait exemple. Personnellement je ne trouve pas du tout que ce film ait vieilli. Les films plus récents ont ce "je ne sais quoi" qui fait qu'on y croit peu même si techniquement c'est parfaitement maîtrisé (suspense, évolution narrative...). Avec l'étrangleur de Boston, Richard Fleischer (Le voyage fantastique) s'attache juste à filmer l'itinéraire d'un tueur qui au gré de ses pulsions va semer la terreur et la mort. Il ne prend pas partie, il ne magnifie pas le personnage, il n'en fait pas un héros : Arthur di Salvo est un homme ordinaire mais dont la personnalité est double. Fleischer n'est pas là pour nous expliquer les traumatismes de l'enfance de son personnage, ni fournir une raison aux meurtres : son film est froid et implacable comme son personnage.
Une scène particulièrement choc renforce d'ailleurs ce sentiment : le tueur (dont le spectateur n'a toujours pas vu le visage), assis dans son salon regarde un documentaire sur la mort de Kennedy. Tout à coup, le plan s'élargit et l'on découvre une femme en arrière-plan dans sa cuisine et une petite fille : choc visuel : le tueur est aussi un père de famille doux, aimant et attentif !!
En parrallèle, le scénario déroule l'enquête de police et l'on s'aperçoit qu'à l'époque, les techniques policières n'étaient pas du tout affutées pour ce type de meurtres (l'arrestation du meurtrier se fera par hasard suite à une erreur de l'étrangleur).
Le casting du film est épatant : Tony Curtis, totalement à contre-emploi est parfait et le grand Henry Fonda fait une prestation impeccable comme à son habitude.
Bon scénario, belle technique filmique (pas mal de split screen au début du film), bons acteurs...un standard à posséder dans sa dvdthèque.
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