Ce film est celui qui représente le mieux la méthode du néoréalisme, tel que le concevaient les réalisateurs italiens de l'après-guerre. Entièrement tourné en décors naturels, dans un Berlin post-apocalyptique qui donne au titre sa signification, ce dernier opus de la trilogie que Rossellini consacra à la seconde guerre mondiale nous plonge en enfer, mélant fiction et réalité. Fiction pour l'histoire, celle d'Edmund, jeune allemand livré à lui-même, dans un pays détruit, ravagé, dépourvu de loi et de tout sens moral, partagé entre le jeu (parce que c'est encore un enfant) et l'inconscience de ses actes. Réalité du lieu, un Berlin à genoux, rasé; réalité de la situation d'alors (la conquérante Allemagne, dévastée, est à terre); réalité des personnages, interprétés par des acteurs amateurs, originaires de Berlin, ou de ce qu'il en reste. Ici, le sentimentalisme n'a pas sa place. La réalisation est proche du documentaire. Elle montre, implacable, la situation d'un peuple livré au chaos. Elle renvoie à la communauté internationale d'alors (nous sommes en 1947), l'autre visage de la victoire. Le petit Edmund dans son errance froide et inconséquente, est à l'image de ce peuple, perdu au milieu des ruines.
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