Supplice des victimes, souffrance du tueur, le sentiment qui traverse l'esprit du spectateur tout au long de la projection de Maniac peut se résumer par la phrase suivante: « Cet homme doit mourir! Vite!». Controversé à sa sortie, le film de Lustig ne peut, en aucun cas, être taxer d'une quelconque apologie ou justification de la « serial boucherie » tant son héros demeure minable, cruel, perdu et délabré. Ici, c'est le dégoût et la pitié qui est provoqué et non pas le désir d'identification.
Après cette mise au point, on se doit de reconnaître que Maniac est un véritable modèle aussi bien de psycho-portrait que de thriller horrifique. Le visage de Spinell traduit, avec une maestria encore inégalée, une aliénation tour à tour répugnante, misérable et effrayante. La réalisation de Lustig, qui doit beaucoup au système D au vue des nombreuses erreurs, révèle une efficacité rare pour instaurer le suspens -la scène de l'infirmière dans le métro- tandis qu'à aucun moment, un seul effet ne tombe à plat. L'atmosphère enfin, provoquée par la respiration pathologique de Spinell et l'obscurité des scènes, est tout simplement "magnifiquement sordide".
Si l'on ajoute à cela des effets spéciaux d'un Tom Savini qui renverrait les scalps du Silence des Agneaux à l'école du maquillage et le charme envoûtant d'une Caroline Munro, on ne peut que se résoudre à accepter l'idée que Maniac fait partie des dix films d'horreurs les plus appréciables de ces trente dernières années.
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