Le célébre écrivain H.P. Lovecraft (Jeffrey Combs), en panne d'inspiration, se rend à la bibliothèque d'Arkham pour y étudier le Necronomicon, livre maudit écrit sur de la peau humaine. Nous découvrons alors avec lui 3 histoires où se mêlent crétures de cauchemar, épouvante et terreur...
Le film à sketches est un genre casse-gueule où la moindre faiblesse dans l'un ou l'autre des scénarii peut ruiner tout le film.
Or, ce n'est pas le cas ici. Chacun des segments qui compose "Necronomicon" a fait l'objet d'une attention toute particulière, tant en termes de scénario que de mise en scène, avec décors, ambiance (sonore et visuelle) et effets spéciaux de circonstance.
"The Drowned", réalisé par Christophe Gans, raconte une histoire d'amour impossible sur fond de résurrection des morts et de mythe de Cthulu. L'histoire est soulignée par une esthétique rappellant les films de la Hammer, le côté kitsch en moins - grâce au formidable travail sur la photo notamment. 0n peut juste regretter peut-être le classicisme de l'entreprise.
"Cold Air", le seul segment réellement adapté d'une nouvelle de Lovecraft, a été réalisé par le japonais Shu Kaneko. Le réalisateur distille un climat de mystère et de poèsie tout au long du récit de ce scientifique en quête d'immortalité, à l'étonnante conclusion. Ce segment préfigure la vague de cinéma japonais d'horreur actuelle, initiée par "Ring" et autres "Dark Water".
Le dernier segment, "Whispers", tourné par Brian Yuzna, est fidèle à la filmographie de son auteur : du gore cradingue au service d'une histoire aux personnages plus ou moins troubles, voire cinglés (et plus si affinités). Le seul reproche qui pourrait être fait ici est, comme d'habitude chez le réalisateur de "Society" et "Beyond Re-Animator", la surenchère gore déployée, qui risque de retourner plus d'un estomac.
Ces 3 segments sont liés entre eux par l'opus intitulé "The Library", également mis en scène par Yuzna. On y découvre un Lovecraft "aventurier, voleur, archéologue et écrivain sans succès" (dixit lui-même dans le film), croisement improblable entre un professeur d'université et un chasseur de monstres. Un grand moment d'humour (forcément) noir, bourré de clins d'oeil aux écrits du maître de Providence.
Bref, "Necronomicon" est un formidable petit film jubilatoire. C'est un véritable hommage à H.P. Lovecraft, mais aussi au cinéma fantastique et d'horreur. A voir ou à revoir dans cette superbe édition.
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