Dans les années 70, le cinéma français n'était pas en manque d'inspiration, servi qu'il était par de grands comédiens tels que ce couple que met en scène Pierre Granier-Deferre.
A travers l'histoire, le réalisateur jette un oeil acerbe et fort sur une certaine image de la France à la veille de l'avènement du Front Populaire.
Vous savez, cette France qui pensait déjà que "le Juif" était l'ennemi, cette France qui voyait d'un mauvais oeil tout ce qui était étranger, cette même France qui, quelques années plus tard, lirait "Je suis partout", bref cette France que Brel appellait en chanson "ces gens là".
Que l'on ne s'y trompe pas, car même si l'on peut voir dans le film de Granier Deferre une belle histoire d'amour ou de vie, son message est plus profond et fort intelligemment mis en scène.
Film de "terroir" au bon sens du terme parce qu'il sait mettre en valeur les personnages, la Veuve Couderc n'en est pas moins un film dénonciateur des préjugés, des faux-semblants, de la partialité et du manque de jugement.
Côté casting nous sommes particulièrement soignés avec un Delon très sobre mais efficace tandis que Madame Signoret reste.....Madame Signoret (je ne crois pas qu'aujourd'hui un duo d'acteurs contemporains serait capable d'interpréter ces personnages avec autant d'authenticité). Même les seconds rôles sont convaincants avec une petite mention pour Ottavia Piccolo qui, comme à l'accoutumée, interprète l'ingénue de service qui ne comprend pas pourquoi les hommes finissent entre ses jambes...! La pauvre fut cantonnée à ce genre de rôle dans le cinéma français (Colinot Trousse Chemise par ex.), mais ce serait oublier qu'elle joua également dans le Guépard de Visconti.
Bref, un bon, très bon Granier Deferre dans la lignée de la Horse, le Chat ou d'Adieu Poulet. A noter que le duo Delon/Signoret se retrouvera 2 ans plus tard dans le film de Jean Chapot, Les Granges Brûlées, autre trésor du cinéma français des 70's.
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