Une des plus belle illustration du swinging London des années soixante. Antonioni a parfaitement su saisir le contexte et l'ambiance d'une époque où tout semblait permi. Il sera d'ailleurs un des premiers a montrer la drogue et la nudité totale sur un écran (certains prétendent même que c'est le premier film non pornographique à montrer le pubis d'une femme).
Profondement réfléchie de A à Z, le film a une structure assez inhabituelle, car il ne développe aucune intrigue durant toute sa première moitié, Antonioni prend tout son temps pour poser ses personnages. Ce n'est qu'après 3/4 d'heure que le cinéaste pose enfin une intrigue basé sur une enquête à travers le regard d'un photographe avec comme toile de fond une réflexion sur le visible, le paraître et la réalité.
A travers son film Antonioni s'amuse a multiplier les métaphores sur la société moderne. La plus évidante est bien sûre celle du visible qui cache la réalité à travers l'intrigue principale des photos prisent par Thomas (Ridley Scott reprendra d'ailleurs ce concept dans une des plus célèbre scène de "Blade runner"), mais d'autres plus anecdotiques parsèment le film comme celle sur le fétichisme du morceau de guitare de Jeff Beck qui déclanche une emmeute dans la salle de concert et qui sortie de son contexte finit par être jeté dans un canniveau par un passant.
L'étrangeté de certaines scènes filmée sans explications a ainsi donné lieu à des dizaines d'interprétations parfois des plus farfelues, mais c'est aussi ce qui fait l'interêt de ce film: la multiplicité des points de vues. Chacun interprète le film à sa manière, ce qui est exactement le sujet de l'intrigue. Une belle mise en abime du film que seul un maître du septième art est capable de faire.
A noter que 15 ans plus tard, Brian de Palma fera une réinterprétation du film avec "Blow out", basé sur le son à la place de l'image.
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