Loin de reprendre la scénario original de son chef d'oeuvre de la bande dessinée (la trilogie Nikopol regroupant "la foire aux immortels", "la femme piège" et "froid équateur"), véritable brûlot antifasciste, oeuvre fantastique, romantique, formidable récit d'aventure et de délire visuel, Enki Bilal a préféré limiter son film à la pièce centrale, c'est à dire "la femme piège". Question de choix, de moyen, de temps????
L'histoire se limitera donc au dernier souhait du dieu Horus de rejoindre pendant les 7 derniers jours de son existence ses "enfants humains". Pour cela, il prendra possession d'un humain congelé dans une prison moderne, celui ci tombant amoureux d'une belle journaliste, à la peau blanche mais avec poils, lèvres et seins bleus.
S'en suit une romance fantastique que de brèves actions viennent entrecouper.
L'image est soigné, avec des partis pris esthétiques que l'on n'oserait pas critiquer avec l'auteur (certains personnages secondaires font penser à ceux des jeux vidéos, mais est ce par manque de moyens ou pour montrer que ces ceux ci sont plus falots que les principaux????)
Bilal a su garder son ambiance froide et cradingue si caractéristique de son oeuvre littéraire (et déjà bien présente dans ses oeuvres cinéma "Bunker Palace Hôtel" & "Thykko Moon") mais je lui reproche de n'avoir pas conservé l'épaisseur de ses personnages (le triptyque Horus/Jill/Nikopol dans la BD est d'une complexité sans égal) et toutes les intrigues transverses ont disparu. Le pamphlet politique, la perversion des jeux (on aurait rêvé de voir le match de Hockey avec les crosses aiguisées), le journalisme....tout cela a disparu. Ca ne manquera sûrement pas aux néophytes du genre mais moi qui suit fan, je ressens un terrible manque.
Ce film reste donc en définitive une oeuvre courageuse, visuellement intéressante, les prouesses techniques sont formidables, surtout pour un film français. Beaucoup d’images transpirent de poésie et de vision fantastique incomparable. Malheureusement, l’aspect glacial de l’ensemble pourra rebuter certains.
Pour les fans de la BD, vous qui auriez voulu une œuvre gigantesque à l’égale d’un « seigneur des anneaux » (a partir du support de départ, y’avait de quoi faire), vous pourrez être déçu…mais ça ne vous empêchera pas de vous replonger dans les somptueuses planches d’il y a maintenant 20ans.
P.S : n’hésitez pas à consulter la bonne loupe d’Alexis si vous vous voulez en savoir plus
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