Récompensé en 1953 lors de la biennale de Venise, ce film d'Yves Allegret est une sorte d'ode au don de soi et à la recherche de la dignité.
Il met en scène deux personnages que tout oppose et qui n'auraient jamais du se rencontrer, Nelly et Georges, la première, qui accompagne son mari mourant au Mexique, le second, alcoolique invétéré qui trouve refuge dans la téquila pour effacer son passé douloureux.
Le film d'Allegret est remarquable dans sa construction puisqu'au final il nous conte le cheminement de deux personnages qui trouveront chacun une sorte de rédemption dans la recherche d'un amour réciproque.
Ainsi Nelly culpabilise-t-elle de ne pas éprouver la moindre peine pour le décès de son mari tandis que George, ancien médecin qui n'a pu sauver sa femme lorsqu'elle était en couche n'a plus de sentiments pour rien. C'est d'ailleurs l'intérêt du film qui repose sur le refoulement des sentiments doublé du poids de la culpabilité, les personnages subissant leur environnement plus qu'il ne le contrôle.
A la "faveur" d'une épidémie de méningite cérébro-spinale qui mettra la ville en quarantaine, chacun des héros va trouver un sens à sa vie, chacun va enfin pouvoir se défaire du poids du remords, sauvé qu'il est par l'amour.
Pour Nelly, Allegret a fait appel à Michèle Morgan qui joue "à la morgan" avec un phrasé et une diction à l'image de son physique : un peu trop lisse. Pour le rôle de George, c'est Gérard Philipe qui s'y colle : il est bouleversant de vérité et son jeu de comédien est d'une justesse et d'une conviction remarquables (scène notamment de la danse pour une bouteille de téquila qui reste l'un des temps les plus forts du film).
Un film au final qui n'a pas trop vieilli et qui se laisse voir sans aucun déplaisir car l'histoire qu'il raconte est simple et difficile comme la vie après tout.
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