Autant Henri Georges Clouzot avait signé un film intitulé "Les Diaboliques", autant Julien Duvivivier aurait put tout aussi bien baptiser son film "La Diabolique".
Histoire de tromperie, de rancoeur accumulée avec les années, de manipulation et de mensonges, ce merveilleux film n'a pas pris une ride malgré ses presques 50 printemps.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le scénario suggère, malgré les années, autant d'effet au spectateur qui se demande toujours avec autant d'intérêt comment toute cette histoire va bien pouvoir finir. L'histoire fonctionne sur des ressorts déjà vus, mais bon sang, Dieu que c'est bien mis en scène. Ainsi dès la première scène on voit le nom du restaurant du personnage principal baptisé "Au rendez-vous des innocents" : contraste flagrant avec le titre du film attisant de façon suggérée notre intérêt. Et tout est comme ça dans le film avec ces petits indices au fur et à mesure qui font que l'action progresse de façon lente mais inexorable, accentuant de fait l'impression sourde du malheur qui plane au-dessus des personnages.
On retrouve d'ailleurs des points communs entre tous les films de cette époque qui dépaignaient toujours en toile de fond le contexte économique et social des personnages : en l'occurence ici c'est le quartier des Halles de Paris avec son grand marché de l'époque qui servira de décor au drame de l'histoire.
L'interprétation de Jean Gabin est comme d'habitude impeccable tandis que Danièle Delorme, la diablesse au visage d'ange, donne une grande "beauté" à la noirceur de son personnage.
Du grand et du bon cinéma français.
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