L'ingrédient de base, c'est ce qu'on a appelé un temps "l'humour Canal": jouer sur le décalage, ici historique. Rochefort en Mazarin cruel, pervers et assoifé de pouvoir, la narine maculée de poudre rouge, la "poudre du diable", de la coke couleur paprika; Garcia en Louis XIV chérubin joufflu et joueur, sapé chez Lempika (qui a travaillé, semble-t-il, sur les costumes); la Bouquet en Anne d'Autriche hystérique et grande gueule, tendance maso. Que du farfelu, on s'en doute, et l'Histoire n'a qu'à bien se tenir. L'Histoire, oui, mais l'histoire? Là, c'est fin comme du papier à cigarette: une histoire de vengeance, encore une. Le film commence donc sur une séquence granguignolesque de massacre comme on savait en commettre dans ces périodes cruelles. La petite Blanche qui, en grandissant, deviendra Lou Doillon, assiste à la découpe en règle de son papa, de sa maman et de tous les gens de la maison. A la suite de quoi, le film se traîne pendant presque deux heures pour finir comme il se doit par l'accomplissement attendu de la vengeance. Preuve qu'on a perdu en route l'ingrédient de base: la fin n'a rien de décalé ou d'inattendu. Les affreux meurent comme des chiens, Antoine de Caune dans le rôle qui, au temps des "vrais" films de cape et d'épée, revenait à un acteur de génie (du mal) qui s'appelait Guy Delorme. J'étais môme et il me flanqueit une frousse bleue!
Alors, faut-il voir "Blanche"? Je dois reconnaître que j'en ai eu pour mes 9,99€. Les acteurs sauvent le film! Tous ceux que j'ai cités sont extraordinaires, mention spéciale à Carole Bouquet et Jean Rochefort. Pour le reste, outre un scénario étique, on regrettera une mise en scène paresseuse et attendue le plus souvent. Mention au dialoguiste, et rien que pour quelques réparties, je reverrai le film.
|