Cabin Fever porte l’estampille « hommage aux films d’horreur des années 80 » (fabuleuse décennie, ainsi que la précédente, pour ce type de production !), j’avais donc très envie de le voir et ce même si le film a souvent été malmené ici et là par des critiques pas toujours élogieuses. Etant un grand amateur de ce genre de petites productions horrifiques (un de mes vices cachés…), la mienne sera donc forcément teintée d’une certaine indulgence. Si de votre côté vous êtes réfractaire au genre, passez votre chemin, ce n’est pas cette incursion dans cette cabane au fond des bois qui vous réconciliera avec lui.
Verdict : je me suis plutôt bien amusé finalement ! Car oui il flotte bien dans cette cabane un parfum très eighties. Certes le film met un peu de temps à démarrer mais la dernière demi-heure nous réserve son lot de séquences bien crasseuses. On a dit qu’il y avait du Evil Dead dans ce Cabin Fever, ce n’est pas tout à fait faux (Eli Roth le réalisateur est d’ailleurs de son propre aveu très fan du film). D’abord il y a ce groupe d’amis qui décide de passer des petites vacances dans ce chalet perdu dans des bois dignes d’un « Blair Witch » (non mais quelle idée…), il y a aussi ces travellings qu’on trouvait également dans le film de Sam Raimi. Il paraît de plus que la cabane est la réplique de celle dans laquelle Bruce Campbell lutte contre les forces du mal, j’ai quelques doutes sur ce point mais il est certain que la première fera inévitablement penser à la seconde.
Par contre ici point de forces démoniaques, et un cachet gore tout de même moins prononcé (encore que je vous déconseille fortement de regarder le film en mangeant un plat à la sauce tomate…).
Les personnages composant notre petit groupe de vacanciers peu inspirés sont archi-stéréotypés, on trouve ainsi la bimbo nymphomane qui ne tarde pas à nous dévoiler ses charmes, le beau gosse (petit ami de la bimbo qui l’aide à nous dévoiler ses charmes), la jeune fille prude, le jeune homme sérieux (qui rêve en secret et depuis le collège de jouer au docteur avec la jeune fille prude) et le crétin de service à ce point crétin qu’on se demande ce qui a bien pu inciter les autres à l’emmener avec eux. Il ne faudra pas porter de jugement sévère sur l’interprétation des acteurs, ces derniers faisant ce qu’on leur demande de faire, c’est-à-dire passer pour des jeunes pas très futés et incapables de gérer efficacement la situation compliquée qui leur tombe dessus et il faut bien reconnaître que dans ce registre ils sont plutôt convaincants. Ces cinq personnages qui ne nous épargnent pas toujours un humour potache semblent avoir été conçus dans le seul but de servir de repas à notre tueur. Tenez, parlons-en du tueur. Cabin Fever se démarque des habituels slasher-movies par le fait qu’ici nous n’avons pas affaire à un tueur masqué, mais à un ennemi invisible, un virus qui dévore les chairs, fait exploser le groupe de l’intérieur, transforme chaque membre en danger potentiel faisant naître ainsi une petite dose de paranoïa et donne lieu à quelques scènes assez crades. Voilà qui nous change un peu d’un Jason, d’un Mickael ou d’un Freddy.
Le film ne manque pas de clins d’œil autre que ceux faits à Evil Dead. En effet il y a un peu de « Délivrance » (les autochtones pas franchement hospitaliers et les bois qui ne le sont pas plus), « Massacre à la Tronçonneuse » et ses flics pas très nets, vous y trouverez même un lapin géant à la « Donnie Darko », un coup de tournevis à la « Zombie », une fête minable en plein air à la « Phantasm » et un ENORME clin d’œil à « La Nuit des Morts-vivants » !
Les maquillages sont plutôt réussis et nous gratifient notamment d’un sourire ravageur… ou plutôt ravagé (clin d’œil à l’affiche de Evil Dead II ?), et d’une séance de rasage de jambes dans une baignoire assez saignante.
Bref cette série B façon vieille école et jusqu’au-boutiste alterne entre scènes drôles mais pas parodiques (à titre d’exemple la scène où l’un des protagonistes avale son harmonica et que celui-ci lui reste en travers de la gorge…), totalement décalées (le kung-fu du jeune garçon autiste !), malsaines, dérangeantes même si pas effrayantes et qui a le courage de se terminer sans accorder la moindre concession.
A noter également un générique d’ouverture sympathique, une participation d’Angelo Badalamenti pour la musique…
Au final nous avons donc un film réservé à un public très ciblé qui ne rechignera pas à regarder cette drôle de cabane certes pas toujours bien agencée mais qui apparaîtra comme une petite bouffée d’air dans un genre trop peu représenté ou bien souvent maltraité. Eli Roth, un jeune réalisateur à suivre et à encourager ! Tiens au fait Eli, et si plutôt que de sortir un film bourré de références tu nous sortais maintenant un film d’horreur, un vrai, tu sais ceux dénués de tout humour et qui te foutent vraiment les pétoches comme on en faisait autrefois ? Ben oui j’aime pas dire ça mais… c’était quand même mieux avant !
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