Bien loin des diatribes sociales de Romero, le scénariste d’Alien nous propose une savoureuse comédie horrifique punk. « Punk », non pas par la présence d’une escouade de décolorés à piercings sur la musique des Cramps et des Damned, mais en raison de sa rupture avec les règles établies des films de morts-vivants. Ici les zombies sont vifs, rusés et insensibles aux bastos dans la cervelle. Comment s’en défaire ? La méthode radicale employée par l’armée US pour en venir à bout demeure fortement teintée, sous ses aspects parodiques, du nihilisme « no futur ». Ajoutons à cela un strip-tease au racolage avoué, un croque-mort qui écoute des chants militaires teutons des années 30, ainsi qu’un pied de nez narratif au générique final «On vous avait dit que le film était tiré d’une histoire vraie, on vous a menti ». Gaba Gaba Hey !
Toutefois, si les intentions sont différentes de celles de la Nuit des morts-vivants, les références au classique du genre sont multiples. Tantôt de façon explicite lorsque les protagonistes se réfèrent au film de Romero et à la méthode utilisée dans celui-ci pour éliminer les zombies, tantôt de manière plus subtile avec cet éternel débat : « Faut-il s’enfermer dans la cave ou le grenier ou bien essayer d’atteindre un véhicule pour s’enfuir ? ».
La réalisation d’O’Bannon se révèle honnête pour un premier film en dépit de nombreux plans hasardeux tandis que les maquillages, volontairement outrés, demeure très ancrés dans l’esprit eighties de l’horreur burlesque parachevé deux ans plus tard dans l’House de Steve Miner.
Ainsi, et bien qu’esthétiquement moins réussi que le troisième volet de la série, le retour des morts vivants a, lui aussi, acquis 20 ans plus tard ses galons de classique. South Park, la série politiquement incorrecte par excellence, lui rendra d’ailleurs hommage dans l’épisode Conjonctivite/Pink eye.
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