Avec ce "Saint Ange", notre compatriote Pascal Laugier signe une des rares tentatives de film fantastique hexagonal, en plaçant trois femmes dans un orphelinat abandonné, lieu qui cachera en son sein un bien lourd secret. Si le script en lui-même s'avère peu innovant pour nous conter sa "ghost story", par endroits fortement symbolique ( la phrase-clé du film "Fais attention aux enfants qui font peur" renvoie directement au "Sixième sens" avec son "Je vois des gens qui sont morts" ), mais limpide dans son développement et se pouvant se reposer sur des personnages bien fouillés, assez compliqués et torturés, aussi bien dans leurs traits de caractères que dans leur passé, c'est surtout par son traitement soigné que le métrage parvient à prendre de l'ampleur. En effet, le réalisateur, en vrai amoureux du genre, dispense une atmosphère lugubre, triste, presque oppressante ( appuyée par des décors magnifiques et une photographie terne, qui tranchera terriblement avec l'aspect immaculé du sous-sol ), propice à générer quelques frissons, tout en n'hésitant pas à réciter ses classiques ( les coups portés aux portes évoquent largement "La maison du diable" de robert wise, tandis que la manière de filmer les intérieurs et extérieurs du bâtiment rappellent le travail de Dario Argento pour "Suspiria" et les yeux "blancs" sont un clin d'oeil à Lucio Fulci ). Par ailleurs, le métrage dispense quelques séquences fortes inquiétantes ( avec des apparitions rapides des fantômes relativement efficaces ), mais sans arriver à créer une réelle angoisse chez le spectateur, de par leur classicisme trop flagrant, et c'est bien là le seul reproche que l'on pourra faire au film. La mise en scène est donc vraiment inspirée, collant aux personnages et ayant recours régulièrement à de longs travellings réussis, et l'interprétation est tout à fait convaincante, Virginie Ledoyen est très crédible et surtout Lou Doillon qui campe ici une terriblement fantomatique jeune femme à l'esprit quelque peu dérangé. Donc, ce "Saint Ange", à défaut d'inspirer la peur, parvient quand même à intriguer et à créer une petite tension, due en grande partie à son ambiance lourde de sous-entendus et pesante !
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