LITTLE ODESSA pourrait ressembler à une histoire classique de tueur à gage mais ici ce genre est complètement retravaillé. Nous sommes aux Etats-Unis, à New York, dans la communauté russe, où tout semble langoureux, retenu, dans la sobriété. On a le sentiment de ne pas être aux USA, seuls les Mcdo aux coins des rues nous le rappellent.
Il s’agit avant tout d’une tragédie familiale, chaque personnage ayant un désir affectif irréalisable, jouée par des acteurs formidables (Edward Furlong, Tim Roth, etc.) qui sont eux même dans la retenue. Le frère aîné qui tue pour de l’argent est celui qui a le plus accepté la société américaine et qui détruit sa famille et ses origines par la même occasion.
C’est également un hymne au cinéma, le film s’ouvre sur un œil et s'attarde sur ce regard qui semble être plein de curiosité comme celui du spectateur ; au cinéma, le film projeté est un western, emblème du cinéma américain ; enfin dans la fin du film, les meurtres ont lieu derrière des draps blancs tendus qui sèchent, symbolisant l’écran du cinéma qui nous montre mais nous protège malgré tout de ces horreurs…
C’est un film douloureux, poignant et violent sans être ostentatoire. La musique nous emporte au sein de cet univers de mafia russe implantée aux USA avec une telle noirceur que l’on revient de ce voyage forcément affecté. James Gray, le réalisateur, nous donne à vivre une expérience incroyable, dommage qu’il soit si rare au cinéma…
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