Sur un scénario de Stephen King, cette "Nuit déchirée" met en scène deux Sleepwalkers ( titre original du film et sommairement traduit en français par "Félidés" ), des créatures d'aspect félin dissimulés sous une enveloppe humaine, pouvant se rendre invisible, contrôler les objets, mais devant se nourrir du souffle vital de jeunes vierges ( dans un détournement du mythe vampirique ). La première partie du métrage nous présente de façon assez mystérieuse mais presque classique cette mère et son fils, nouvellement arrivés dans cette petite ville américaine, tout en mettant en avant le côté incestueux de leur relation, ainsi que l'histoire d'amour naissante, elle aussi très classique, entre le fils et une jeune autochtone, Tanya, prétexte à un humour rabâché ( la visite de la chambre de la demoiselle, les vannes salaces des copines ), le tout sur un faux rythme qui ne sera que plus qu'agréablement compensé par la seconde moitié du film, avec un déchaînement de violence surprenant ( la séquence dans le vieux cimetière, par exemple ), entrecoupé de scènes gores ( souvent en gros plans parfois cruels ) plutôt expansives et un final généreux en tension et action, porté par le charisme d'Alice Krige dans sa confiance en sa supériorité. Et le suspense n'est pas non plus absent du métrage, assez soutenu par moments, notamment la rencontre entre la mère et Tanya , renforcé par le capital sympathie gagné par celle-ci. On pourra juste regretter le manque d'explications sur ces Sleepwalkers dont on n'apprend quasiment rien dans le film ( leurs origines, cette aversion physique pour les chats ), la préférence ayant été portée sur l'action au détriment d'une exposition plus posée des personnages. La mise en scène du réalisateur Mick Garris, fidèle collaborateur du King et récent initiateur de la série des "Masters of horrors", est assez limpide, sachant s'énerver dans les scènes d'action et l'interprétation est convaincante, et c'est avec plaisir que l'on retrouve Ron Perlman, le futur "Hellboy" dans un petit second rôle, ainsi que des caméos de quelques grands noms du genre ( Joe Dante, John Landis, Tobe Hooper et clive Barker ), sans oublier bien sûr l'apparition de stephen king, sous forme de clin d'oeil ( tout comme certaines séquences, le meurtre avec un épi de maïs fait du pied à "Children of the corn", les policiers appellent du renfort à Castle Rock, entre autres ). Les effets spéciaux sont globalement réussis, avec une tendance sanglante démonstratrice, et seuls les maquillages faciaux des créatures sont un peu primaires et ratés, mais sans que cela nuise énormément à la qualité de ce film, très ancré dans l'esprit du début des années 90, et finalement bien jouissif, malgré son manque flagrant de profondeur !
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