CRITIQUE DVD

Jean Giono, trés grand écrivain que la France ait connu, nous livre ici son seul et unique film en tant que réalisateur. Et à la vue de celui-ci (et à la vision des bonus), on sent que Giono a pris un grand soin à le faire. A la fois producteur, scénariste et réalisateur, on peut dire que c'est SON film.

Il faut savoir que Jean Giono a longtemps rêvé de faire son propre film. A plusieurs reprises, il est arrivé sur des projets qui ne se sont au final jamais faits. C'est alors que Marcel Pagnol est arrivé et lui a proposé des adaptations de plusieurs de ses romans. Mais Giono a préféré regardé cela de loin. Pagnol c'est alors mis à réaliser lui-même "Angèle", "La femme du boulanger", adaptés des romans des de Giono. Mais celui-ci ne c'est pas retrouvé dans ces adaptations. Il a alors décidé de faire une pause avec le cinéma avant d'y revenir quelques années plus tard en tant que scénariste. C'est alors que l'envie de réaliser son propre film fut de retour. Il créa alors "Les films Jean Giono", sa maison de production. Pour faire marcher sa boîte, le bougre réalisa un film de commande pour financer sa nouvelle société et ce fût "Crésus".

Aprés ce petit cours d'histoire, revenons au sujet qui nous intéresse, à savoir le film. Trés méconnu, voir sous-estimé (particulièrement à l'époque), cet unique film de Jean Giono est une pure merveille et pour moi une vraie leçon de cinéma. En effet, ce que j'aime dans ce genre de films, ce sont les multiples lectures du film qui font qu'à chaque vision, j'ai l'impression de le redécouvrir. Il est vrai que ce film est d'abord une comédie, et on passe franchement un excellent moment. Les personnages, en particulier Jules (interprété par Fernandel), qui est omniprésent, sont finement construits et décrits et les situations cocasses sont légions. Mais pour autant, le film est une peinture au vitriol des paysans, du mode de vie à l'époque et de notre société au travers de certains personnages.

Mais les deux vrais atouts de ce film sont la réalisation et les dialogues. Tout d'abord la réalisation, soignée et millimétrée de bout en bout. Comme les bonus le disent, Gionot préparait tout à l'avance, et le moindre plan, le moindre mouvement de caméra étaient minitieusement réfléchis. Et franchement, il n'y a qu'à regarder la séquence du repas pour s'en rendre compte, avec ce magnifique travelling où la caméra est constamment en train de bouger tant que les personnages se déplacent. Cette réalisation soignée a également comme autre atout de mettre en valeur le magnifique paysage du Contadour, que Jean Giono a voulu filmer comme étant la deuxième star du film, et merveilleusement mise en valeur par le cinémascope.
Et l'autre atout majeur du film est la qualité des dialogues. Ceci sont truculents, merveilleusement écrits et dignes d'Audiart par moment. La meilleure preuve que l'on puisse trouver est sans conteste l'anthologique scène se déroulant dans l'école, entre Jules et son ancienne institutrice, que j'aime apeller la "scène des zéros". A la fois particulièrement drôle, elle jouit de dialogues à double sens, par moment à la limite de la philosophie et qui décortique les multiples significations du chiffre zéro.

Bien évidemment, il faut saluer la prestation de Fernandel, comme toujours impeccable, car même si le film aurait sans doute été réussi sans lui, cet immense acteur apporte toute sa prestance ainsi que la qualité de son jeu (mais sans en faire trop) qui font ce petit plus dans le film.

Pour conclure, ce film assez méconnu mérite vraiment que l'on s'attarde sur lui tant il est réussi et qu'il fait preuve d'une maîtrise déconcertante à la fois sur la forme et sur le fond. Et cette édition lui rend une admirable justice. Et puis si vous êtes fan de Fernandel (comme moi), vous ne serez pas déçu car le film a été écrit pour lui.

L'éditeur Cinegeneration, éditeur apparemment tout jeune, nous propose de redécouvrir "Crésus" dans des conditions exceptionnelles. La restauration est en effet de toute beauté et le master est pratiquement impeccable, même s'il reste quelques rares impuretés et de minis accidents de parcours. La défintion et la netteté sont chirurgicales, le noir et blanc d'une beauté impressionnate et la compression invisible de bout en bout. L'éditeur rené Cha^teau devrait en prendre de la graine, ainsi que pas mal d'autres éditeurs.

La piste mono a été parfaitement nettoyée et fait preuve d'une clarté et d'une dynamqie à toute épreuve. Une vraie cure de jouvence !!!!!

Une note maximale parfaitement méritée devant la qualité des suppléments proposés. Leur liste est certes courte mais pour un film de plus de 40 ans, l'effort est vraiment à saluer d'autant qu'on apprend pleins de choses.

On commence par le commentaire audio de Jacques Mény, un spécialiste de Jean Gionot ayant écrit plusieurs ouvrages sur lui. Ce commantaire ce révèle passionnant du début à la fin. Je n'ai décroché à aucun moment. Entre anecdotes de tournage, analyses de certaines séquences et étude approfondie de Gionot, les informations fusent et le film n'aura plus aucun aucun secret pour vous. Chapeau !!!!

On poursuit avec un documentaire de 59 minutes intitulé "Le cinéma de Jean Giono" revenant sur Jean Gionot et de sa vision du cinéma. Entres interviews récentes et images d'archives, ce documentaire se révèle particulièrement passionnant et complète à merveille le commentaire audio. De sa naissance à sa passion pour le cinéma, en passant par sa rencontre avec Pagnol avant d'arriver au tournage de "Crésus" et de continuer un peu aprés, Jean Giono deviendra un familier, une personne que vous aurez toujours connu. L'analyse complète du personnage nous permet également de comprendre ses choix sur le tournage de Crésus.

On poursuit avec un documentaire de 32 minutes, intitulé "Autour de Crésus" et revenant sur le film en lui même. Même si on peut regretter la reprise de certains passages du documentaire précédent, ce documentaire se révèle particulièrement instructif car recelant de nombreuses images de tournages. Le film et son tournage nous sont bien expliqués, à l'aide d'interviews d'époque (Jean Gionot, Fernandel), et d'autres plus récentes (Claude Pinoteau, etc...). Bref, encore un document passionnant.

On termine par la bande annonce du film.

A noter que les menus sont trés beaux et mais aussi simples, constitué d'extraits du film le tout dans un billet.

Pour conclure, on peut dire que l'éditeur nous a offert une intéractivité passionnante et exemplaire car privilégiant la qualité à la quantité. Et pour un film de cet âge, chapeau encore une fois !!!!!!!!

On termine en beauté avec un packaging plutôt classieux, presque surprenant pour une édition mono disque. Le fourreau est trés beau, un peu mince, en noir et blanc avec "Crésus", le titre du film, en surbrillance.

Continuant sur la lancée, l'éditeur nous propose un superbe digipack 3 volets, encore une fois en noir et blanc, contitué de la liste des chapitres, de quelques photos et de quelques notes de Jacques Mény.

On termine par la sérigraphie, jolie mais simplette car n'étant constitué que d'un billet de banque à doite, et polluée par des logos et mentions légales en bas.

Bref, une édition de grande classe pour un film de grande classe. A se procurer d'urgence mais malheureusement difficilement trouvable maintenant.

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