"The blade" est au film d'arts martiaux (wu xia pian) ce qu'"Il était une fois dans l'ouest" est au western : le stade ultime.
Le cinéaste Hong-Kongais Tsui Hark s'appuie sur un classique du film de sabre : l'histoire d'un sabreur manchot popularisé au début des années 70 par le réalisateur Chang Cheh. Rompant avec les codes narratifs hérités de son modèle (les amitiés viriles), Tsui Hark revisite radicalement le genre.
"The blade" fait la part belle aux femmes. Ainsi, c'est une femme qui provoque la rivalité entre les deux personnages masculins avant de les lancer vers leurs destins respectifs.
De plus le cinéaste revient aux sources de la barbarie, organisant des combats aussi brutaux que terre à terre, et mettant en exergue les instruments tranchants, depuis les sabres jusqu'aux pièges qui sectionnent les membres humains comme ceux des animaux.
Ainsi la technique très répandue des cables dont la surenchére spectaculaire avait finie par retirer tout réalisme aux combats.
Par exemple, le film est aux antipodes du récent "Tigre et dragon" où les combats "aériens" ont perdus toutes authenticités. Tsui Hark privilégie le réalisme crû à la poésie des combats.
Grâce aussi à sa mise en scène hypnotique, la puissance des images du cinéaste s'exerce également au niveau symbolique. Tsui Hark recherche un nouvel équilibre à l'instar de son héros estropié qui cherche une nouvelle façon de se battre en transformant ses handicaps en forces.
L'un des maîtres du cinéma de Hong kong (avec John Woo et Johnnie To) à révolutionné dans la douleur la façon de filmer les arts martiaux.
Artistiquement le résultat est brillant, mais peut surprendre les fans de la Shaw Brothers. Le réalisme est à ce prix... selon Tsui Hark.
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