Aux antipodes de l'esthétique léchée et des fresques historiques édifiantes dont sont coutumiers (souvent pour le meilleur) les cinéastes chinois continentaux, Jiang Wen signe ici une farce tragique qui parvient à radiographier une période précise de l'histoire locale (la guerre sino-japonaise) tout en s'attachant à une poignée de thèmes universels: la lâcheté, la peur, la trahison, l'esprit de clan... Avec cette histoire d'un paysan qui se retrouve fort déconfit le jour où des résistants chinois déposent chez lui deux gros sacs contenant deux prisonniers japonais(alors que son village est occupé par les soldats nippons), le cinéaste multiplie les contrepoints tragicomiques et traite l'histoire récente de son pays par le biais d'une anecdote particulière. Le plus stupéfiant dans cet opus reste la mise en scène de Jiang Wen, constamment inventive. Tantôt au plus près des personnages, tantôt utilisant à merveille les espaces naturels du village, il multiplie les intrépidités stylistiqes. Une réussite certaine.
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