DVD A LA LOUPE

Résumé : 1462, Vlad l'Empaleur, plus connu sous le nom de Dracula, part défendre la Sainte Eglise et combattre les Turcs. Il revient victorieux mais sa bien-aimée, le croyant mort, s'est suicidée. Reniant sa foi, il fait appel aux pouvoirs maléfiques pour la retrouver. Quatre siècles plus tard, il rencontre Mina, réincarnation de son amour perdu...

Avis :  Avec Dracula, Francis Ford Coppola a réalisé une oeuvre grandiose, baroque et très esthétique, et véhiculant beaucoup de poésie. On est loin d'un film d'horreur classique, même si certaines scènes justifient l'interdiction aux moins de douze ans, avec en plus un caractère érotique assez marqué. En ne s'éloignant pas trop du livre de Bram Stocker (encore que les puristes aient noté bien des écarts), le réalisateur nous montre un Comte Dracula bien différent du monstre sanguinaire vu dans d'autres des quelques 200 films qui lui sont consacrés. Personnage maudit, dévoré par un amour insensé, il apparaît à la fois fort et faible, abattu et triomphant, sans pitié et miséricordieux, et son désespoir touche forcément les spectateurs. Gary Oldman trouve là le plus beau rôle de sa carrière et touche au sublime. Winona Ryder est merveilleuse dans le rôle de Mina, poupée fragile envoûtée par l'amour du Comte. Les autres acteurs sont également excellents, mais dans des rôles plus effacés, comme Keanu Reeves et Anthony Hopkins, qui joue un Van Helsing chasseur de vampire opiniâtre et sans pitié.
En revisitant le mythe de Dracula, Coppola fait à nouveau la preuve de son immense talent de réalisateur. Il traite avec flamboyance cette histoire d'amour tragique, avec de nombreuses scènes d'anthologie (voir le prologue, pour n'en citer qu'une). La qualité de la réalisation fait même passer au second plan le scénario, et le spectateur est plus accroché par la beauté visuelle du spectacle proposé et par le jeu des acteurs que par l'intrigue elle-même.
Coppola a tourné ce film en Californie, les séquences du vieux Londres étant tournées en studio. Pour l’anecdote, on remarque au générique une toute jeune Monica Bellucci dans un de ses premiers rôles, un vampire femelle gardienne de Jonathan (Keenu Reeves), prisonnier de Dracula, et Anthony Hopkins joue également le rôle du prêtre qui dit à Vlad que l’âme d’Elisabeth est damnée, au tout début du film.
Avec ce film romantique et sombre auquel il a rajouté une pointe d'érotisme raffiné, Coppola nous livre sans conteste une de ses plus belles œuvres, récompensée en 1993 par trois oscars.

 
Dracula (1992)